Nous sommes rentrés en Normandie après trois semaines de vacances à Fouras en Charente-Maritime. Nous étions dans une baie abritée entre l’Ile d’Oléran, la côte de la Charente Maritime et l’île de Ré au nord, aujourd’hui liée à La Rochelle par un grand pont routier.
Nous avons campé au camping de la ville de Fouras (Charente Maritime) tout près de la plage. L’expérience du camping avec environ 2.000 hommes, femmes et enfants de tous les horizons de la vie était intéressante, le moins que l’on puisse dire. C’était une véritable étude de l’humanité, du plus noble jusqu’à ceux qui ne peuvent pas vivre sans bruit. Pour une somme modique, j’ai pu stationner mon bateau au club de voile, là où le cale du port est disposée de telle façon de pouvoir mettre les bateaux à l’eau jusqu’à trois heures et demi chaque côté de la marée haute.
Sûrement une image de paradis en cette canicule d’Août! Il faut bien observer les heures navigables, car autrement il faut se trouver jusqu’aux genoux dans la vase. Ma femme est allé à la cure à Rochefort, ce qui me laissait beaucoup de temps pour naviguer sur mon petit « 320- vieux-gréement » avec ses voiles rouges.
Sans la houle de côtes sauvages ou de notre Manche, je sentais capable de faire des grandes navigations (grandes pour un dériveur) comme la baie de la Seine. La première fois, c’était un aller-retour timide à Ile d’Aix. Ensuite, j’ai pris plus de courage, pour circumnaviger l’île et ensuite visiter le Fort Boyard, itinéraire représentée par la ligne en rouge. Ma visite à l’Ile Madame est représentée par la ligne bleu. Un dizaine de miles nautiques pour chaque sortie?
Voici l’Ile d’Aix.
Cet endroit est absolument fascinant, et non seulement du point de vue de la visite touristique. La première chose qui frappe le visiteur, c’est l’absence de voitures.
L’histoire de cete petite parcelle d’un vieux monde est longue et fascinante. En 1067, Isembert de Châtelaillon donne l’île aux moines de Cluny, qui établissent un prieuré. Dès la fin du XIIe siècle, l’île est devenue un site stratégique navale de l’Angleterre, ah oui, le Perfide Albion! Nous sommes confrontés à des siècles de conflits entre l’Angleterre et la France, aboutissant à la guerre de Cent Ans. Les fortifications ont été commandés au dix-septième siècle par Vauban pour défendre La Rochelle, Rochefort et l’embouchure de la Charente.
Si les anglais sont capables des actes de cruauté dans l’histoire, nous découvrirons deux monuments sur l’Ile d’Aix et l’Ile Madame à environ sept cent prêtres réfractaires qui sont morts dans les conditions affreuses dans le Pontons de Rochefort en 1794.
Cette île marque aussi la fin de la règne de Napoléon comme empereur. En 1809, la flotte britannique bloque les ports de l’Empire, Rochefort en particulier. Cette île était la dernière refuge de Napoléon en France, et c’est là qu’il se rendit aux Britanniques en 1815. Le Fort Liédota a servi de prison, surtout pour les prisonniers politiques, et aussi récemment qu’en 1961, après la guerre de l’Algérie.
Pendant ma sortie « rouge », j’ai passé le cardinal nord de Fouras sur mon bâbord, et ensuite le Fort Enet.
Le tentation d’aller visiter le fort était là, mais à quel prix d’un bateau cassé pour trouver un portail fermé? Il y a deux plages minuscules, et la reste est fait de rochers. A éviter! J’avais cru que ce fort était abandonné, mais il appartient à deux familles de particuliers et les visites guidées sont possibles. Voir ce vidéo.
J’ai laissé le fort à tribord pour continuer sur le Fort Boyard. J’avais environ 8 nœuds de vent et pas trop de clapot: c’était possible, surtout en vue d’un changement de vent prévu du sud-ouest au sud-est. J’étais au portant les deux directions! J’ai réussi!
Le Fort Boyard est un peu galvaudé par le jeu télévisé populaire, et par la suite les excursions incessantes en vedette. Au moins, ce tas de pierres sert à quelque chose. C’était un prison à une époque, sans doute pour les prisonniers les plus durs comme à Alcatraz en Amérique! Certainement ce serait impossible pour un homme à s’évader, mais on a certainement trouvé que cette solution n’était pas très pratique. Donc, c’est un monument qui sert au divertissement et aux loisirs. Les vedettes font beaucoup de vagues même quand ils réduisent la vitesse. Un skipper qui fait son boulot a priorité sur un dériveur ou un habitable à voile – c’est le bon sens! J’ai eu à m’arrêter à la cape, avec une vedette devant moi et sans possibilité de virer. Il m’a donné un coup de klaxon, très bref, je suppose pour me remercier de l’épargner l’horreur d’un dériveur et d’un homme dans ses hélices. Les odeurs en mer sont impressionnantes, non seulement les émissions de gasoil, mais aussi la clope et les parfums des femmes quand on reborde ses voiles pour passer derrière la vedette!
Je suis rentré par le nord de l’Ile d’Aix en prenant la canal profond pour éviter les surprises.
Ma sortie « bleue » m’a conduit par la même route jusqu’au Fort Anet, mais cette fois, je me suis tourné par le sud de la péninsule de Fouras. Ensuite je suis allé au près bien abattu à l’Ile Madame. Aux nord-est de l’île, j’avais la Passe aux Boeufs, ce qui permet l’accès en voiture à marée basse. En bateau, il faut attendre la marée haute, ou si c’est un dériveur qui ne craint pas les galets, on se met à la plage, on tire le bateau jusqu’à l’autre côté pour le remettre à l’eau.
Voici cette île, et la Passe aux Boeufs n’est pas visible sur cette photo.
Après la mise à l’eau, faisant gaffe à plusieurs rochers, j’ai pu partir au près serré à plusieurs virements de bord. Quand j’étais suffisamment au large, j’ai eu de plus en plus de place pour abattre et pour passer à l’ouest de l’île. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps pour visiter l’île, sous peine d’un bain de vase à Fouras! Donc il fallait lutter contre l’horloge.
Avec un peu plus de temps que j’avais anticipé, j’ai pris l’Ile d’Aix par le nord. Mais j’avais du près serré à l’est de l’île avec du courant. Le vent est tombé – merde! Mais il est revenu, et j’ai pu passer le point critique pour pouvoir abattre et trouver un peu de vitesse pour rentrer.
Voilà ce qu’on peut faire avec un humble dériveur sur une eau protégée. Tout de même, un peu de vent donne du clapot, et il faut ne pas oublier d’abattre pour ne pas être tête dans les vagues – clap, clap, clap… Privilégier la vitesse sur la cape, et c’est plus confortable. J’ai même fait des exercices de navigation avec un compas de relèvement, une carte de mer et un rapporteur breton. Intéressant, même si pas nécessaire étant donné les petites distances et la présence riche de repères pour naviguer à l’œil.
Sophia est de retour à Veules, et j’ai retrouvé la houle de la Manche. C’est une autre navigation, et tout construit l’expérience indispensable du marin.